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Surface en marbre

Témoignage de violences #1

Je souhaite vous partager quelques témoignages de ce qui a pu m'arriver ces derniers mois. En espérant œuvrer pour des rapports plus sains et respectueux entre client.e.s et TDS.


Récemment, un ancien habitué a souhaité reprendre rendez-vous. J'ai évidemment accepté. Il faut dire que ça faisait plus d'un an qu'on ne s'était pas vus ! C'était quelqu'un pour qui j'avais de la considération et du respect. Avec qui j'avais entretenu une relation pendant plus d'un an également. Dont j'ai écouté les problèmes. Quelqu'un que j'ai réconforté avec soin. Quelqu'un qui pourtant s'était déjà permis de critiquer mon physique par le passé, notamment mes poils, mes seins ou mes fesses. A l'époque je l'avais déjà réprimandé : on ne peut pas se permettre de dénigrer le physique des autres. Et on ne peut pas en plus de cela, croire que c'est par susceptibilité qu'on réagit. Non. Lorsque quelqu'un dénigre un trait de ma personnalité ou de mon physique, ce qui me fait réagir c'est avant tout la volonté ferme d'être respecté.e. Tout comme jamais il ne me viendrait à l'idée de juger le physique des gens que je rencontre. En dépit de leur âge, de leur corpulence, de leur handicap ou quoi que ce soit d'autre. Sous aucun prétexte.


J'accepte de le revoir. G.


G. est particulièrement mielleux lorsqu'on échange par mail, ça me rend très enthousiaste à l'idée de le revoir. Lorsque j'arrive il me sert un café. Nous avons l'habitude de discuter avant le monter dans la chambre. Cette fois-ci, il fait tomber la bretelle de mon débardeur, laissant apparaître mon sein. Je lui dis que ce n'est pas approprié. Que nous sommes en pleine conversation, et qu'il aurait été préférable de me demander l'autorisation. Ce geste n'est pas anodin, et en l'absence de consentement il représente déjà une violence sexuelle punissable. Prenez-en bien conscience. Malgré ceci, G. rigole : ce n'est pas grave à ses yeux. C'est "pour rire". Pourtant je ne rigole pas. Quelle-est la valeur d'une blague si cette dernière n'amuse pas celle ou celui qui la reçoit ? A-t'il même conscience de la violence que ce geste totalement banalisé représente ? Je me pose sincèrement ces questions.


Nous montons. G. demande à me lécher et j'accepte. En 2 minutes, le voici insérant son doigt en moi, sans me demander au préalable. En l'absence de consentement, ça s'appelle du viol. N'oubliez pas de demander le consentement des gens avant d'agir. Ce genre d'acte est quasiment systématique. 80% du temps vous ne demandez pas avant d'insérer quoi que ce soit en l'autre. Prenez la mesure de vos rapports aux autres par pitié. Il est temps. Vous avez des êtres humains devant vous.


Je ne le formule pas ainsi, par épuisement peut-être. Rappeler G. à l'ordre a déjà été source d'angoisse par le passé. Je ne voulais pas risquer d'être vampirisée pour la journée en recevant des remarques irrespectueuses. Encore moins en ayant la sensation qu'aucune remise en question ni excuses ne sont faites. Je propose donc à G. de lui offrir du sexe oral à mon tour. Il accepte, mais demande à être caressé avant. Ce que je fais.


Après deux vas et vient, je l'entends grogner un mot. Un mot que je crois d'abord avoir rêvé tellement ça me parait inconcevable qu'il me soit adressé. Je m'arrête et lui demande de répéter. Il me dit que "c'est une bêtise". Je lui demande d'assumer cette dernière. Tout en réalisant que je n'ai pas rêvé, et qu'il a réellement osé m'insulter. G. me dit : "j'ai dit salope, oui voilà, bon, c'était affectueux". "On m'a déjà dit petite salope mignonne et ça m'a plu".


Ma réponse : "Sur mon site c'est indiqué très clairement que je refuse toute insulte, toute violence verbale, et tout acte de domination envers moi." G. reste zélé et continue ses déblatérations irrecevables et aberrantes. Je lui dis : "soit tu me payes un supplément pour ceci, car cet acte vaut au moins une contrepartie financière à mes yeux, soit je pars". Ce à quoi G. répond : "bhin vas t'en". Je me lève et m'habille alors que G. est tout interloqué que je mette mes mots en actes.


Notre discussion aura duré 4 minutes. J'ai regardé l'heure en me levant du lit, puis en quittant sa maison. Durant ces 4 minutes, il m'a répété au moins 5 fois que ce n'était pas un manque de respect, que je comprenais mal, qu'il avait déjà dit ça à des "gamines" qui l'avaient bien prit. Ce qui est choquant avec le terme "gamine" c'est qu'il désigne de très jeunes personnes, pour ne pas dire des mineures. G. a plus de 60 ans. Et G., du haut de son âge mûr, ne se remet pourtant pas en question. J'ai dit à cet individu de ne plus jamais me contacter.


Jamais je n'avais osé quitter un rendez-vous qui me mettait mal à l'aise ou me faisait violence. Je suis fière d'avoir réussi à me défendre, à ne pas me laisser faire, et fière d'avoir dit à cet homme que c'était un sale con. Parce que oui, il n'y a pas d'autres mots pour le décrire.


Cette insulte que G. s'est permis très sereinement de me dire, c'est la marque de la vision profondément sale et perverse qu'il a de moi, et des escortes en général. C'est lui qui me pénètre sans mon accord, qui est excité de me voir le toucher du haut de mes 26 ans, mais c'est moi la salope. G. m'a prouvé pour la dernière fois qu'il était profondément misogyne. Et par misogyne, je veux parler du fait qu'à ses yeux, je suis très profondément un objet. Il me déshumanise et me dépossède des émotions que je peux ressentir. Cette insulte m'aura prouvé qu'il n'a aucun égard, aucun respect, aucune estime pour moi. Cette insulte m'aura prouvé qu'il ne mérite pas que je lui accorde quoi que ce soit de ma personne, même pas de façon vénale ou intéressée. Même pas pour le triple de ce que j'aurais demandé de base. C'est pour dire à quel point je le trouve immonde, et à quel point je condamne ce type de comportement. J'ai du mérite et je suis respectable, même si je suis travailleuse du sexe.


Je partage cette anecdote parce que ces choses arrivent, bien trop souvent. Bien trop banalement. Et même avec des habitués, des personnes qu'on pense un minimum respectueuses. Il faut que cela cesse. Traitez correctement les personnes que vous rencontrez. Je vous embrasse et à très vite,

Lilas.

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